Produire le film d’Achille est pour moi une évidence : résident pendant 6 ans à Madagascar, je l’ai rencontré il y a quelques années et accompagné dans son envie de jeter au monde son regard singulier.
Curieux, malin, Achille écrit à la façon dont il aborde l’existence, avec profusion et désir de ne pas en rester là. Avec Yvan-Fabius Soufaly, j’ai suivi son projet depuis ses premières envies, quand il m’a parlé de son intérêt pour les per- sonnes atteintes de troubles mentaux. En avril 2014 je suis allé avec lui prendre des séquences de repérage à l’hôpital psychiatrique de Tamatave.
Son approche de la maladie mentale est en soi un acte d’affirmation à rebours des croyances populaires. D’une part il veut comprendre, au delà du discours des analystes et surtout des a priori et des tabous. D’autre part il n’hésite pas à s’exposer, à prendre le temps d’établir une véritable relation avec les ma- lades et ceux qui les entourent.
Autour de nos déments s’inscrit dans une démarche très personnelle, un désir d’être soi et d’inventer une parole. La psychiatrie à Madagascar arrive en fin de parcours médical, après les soins et les traitements traditionnels ou religieux. Il nous paraît essentiel de rendre compte de cette part du réel aux confins des héritages malgaches anciens et des interrogations contemporaines.